"Article 30" explore les potentialités du virtuel comme révélateur des problèmes du réel, comme catharsis permettant aux humains d’analyser leurs propres dysfonctionnements et incohérences.
Les visionnaires des années soixante comme Vannevar Bush ou Ivan Sutherland voyaient dans la Réalité Virtuelle (VR) un moyen de mieux gérer la complexité générée par la tekné et le développement humains. Un outil qui augmenterait l’intellect.
Cette installation a été conçue, réalisée et produite par Les Virtualistes. Elle est centrée sur le 30ème et dernier article de la Déclaration Universelle des droits de l’homme.
Cet article 30 dit :
Aucune disposition de la présente Déclaration
ne peut être interprétée comme impliquant pour un État,
un groupement ou un individu un droit quelconque
d’accomplir un acte visant à la destruction
des droits et des libertés qui y sont énoncés.
Le dispositif choisi est un labyrinthe habité par des images, images de guerre, de misère et de souffrances humaines, images des symptômes de la planète que nous distillent les médias pour mieux nous les faire oublier.
Le labyrinthe est pris ici comme métaphore du non-sens du monde, d’une société de surveillance et de contrôle et de notre propre sentiment d’impuissance : nous errons dans ce monde en quête d’une sortie, d’une solution. Nous sommes soumis à ses aléas avec le sentiment, souvent, de ne pas avoir de clé pour le changer. Faut-il pour autant accepter le rôle d’observateur passif ? Notre présence affecte directement notre environnement. Interaction dit-on aujourd’hui. Mais qu’est-ce qu’interagir ? est-ce tourner à droite ou à gauche ou se positionner ? Regarder ou voir , écouter ou entendre, s’abstenir ou revendiquer un libre-arbitre avec toutes les conséquences qu’il implique ?
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Face à chaque image, l’espace se peuple de voix lisant, un à un, en dix langues, les 30 articles de la Déclaration. Nous rappelant que nous sommes tous responsables des désordres de la planète. Responsables de ne rien faire, de vouloir ou non faire respecter ces articles. Responsables des guerres et des éventuels dommages colatéraux.
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"Article 30 " pose aussi la question de la « guerre humanitaire », avatar fin de siècle du de l’action humanitaire, en totale contradiction la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et l’article 30 qui prétend la faire respecter. Les récentes interventions de la « communauté internationale » -en Somalie, au Kosovo, au Timor Oriental, en Irak ou en Afghanistan – sont la marque d’un nouvel ordre mondial proclamé par les états – l’Amérique en tête - disposant d’une puissance militaire suffisante pour ignorer les lois internationales et l’opinion publique. Elles détournent les droits de l’homme au profit d’intérêts politiques et financiers. Elles ne sont que de macabres jeux d’influence, qui sous couvert d’objectif « zéro mort » font 90% de victimes civiles.
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Crédits : Pascal Schmitt, Christine Treguier, Erik Adelbert, Hervé Arnoud, Paul Brock, Stéphane Daloz avec l’assistance de Virtual Presence Ltd
Remerciements à touTEs celles et ceux qui ont prêté leur voix.
Les Virtualistes 2000